La Dame de Shanghai connut un avenir contrasté. Si le film fut, à sa sortie, un échec sur le plan commercial, il est en revanche devenu depuis un des grands classiques du cinéma, notamment du fait de la célèbre scène finale "aux miroirs", maintes fois imitée voire parodiée.
Pour les besoins du film, Orson Welles modifia largement la coiffure de Rita Hayworth : celle-ci y porte pour la première fois des cheveux plus courts et en partie bouclés. Appréciant peu cette initiatitive unilatérale, alors que l'actrice était encore sous contrat avec la Columbia, Harry Cohn se serait exclamé : "Mon Dieu, regardez ce qu'a fait ce fou !". Il accentua ensuite son contrôle sur le film, effectuant un montage selon son désir au détriment des voeux d'Orson Welles.
Orson Welles s'était engagé depuis longtemps à faire un film pour Harry Cohn, et La Dame de Shanghai était pour lui le moyen de régler cette dette. Il ne s'agissait donc probablement pas d'un projet lui tenant énormément à coeur.
Rita Hayworth, de son côté, avait entamé une procédure de divorce contre Orson Welles (qu'elle avait épousé en 1943), mais elle accepta néanmoins le rôle d'Elsa Bannister. Lorsque les journalistes l'interrogèrent sur ce point, elle répondit qu'elle "le [devait] à Orson".
Enfin Eroll Flynn fit preuve d'une attitude peu respectueuse, imposant silence aux autres.
Le yacht sur lequel se déroule la majeure partie de l'action, le Zaca, appartenait en fait à Errol Flynn. Ce dernier, qui exigea d'ailleurs de diriger lui-même le navire pour les différentes étapes du voyage, peut du reste être aperçu en arrière-plan durant une scène.
Le titre définitif du film, adopté en cours de tournage, n'est pas à prendre au pied de la lettre : il fait en réalité référence à la célèbre scène finale du film, qui se déroule... dans le quartier chinois de San Fransisco.
La Dame de Shanghai est tiré du roman If I should die before I wake de Sherwood King. Mais l'origine exacte du projet est depuis longtemps entouré de nombreuses affabulations.
Dans plusieurs interviews, Orson Welles affirma en effet avoir débuté ce projet sur un coup de bluff : ayant un pressant besoin d'argent, il aurait promis par téléphone à Harry Cohn (directeur de la Colulbia) une histoire exceptionnelle contre le virement immédiat d'une somme conséquente. Prenant le premier livre qui lui tombait sous la main, il aurait ensuite du se tenir à ce choix.
Les mémoires de William Castle, qui collabora au film, dévoila ce qui est généralement considéré aujourd'hui comme la véritable genèse de La Dame de Shanghai. Jugeant que le roman de Sherwood King contenait la matière d'un bon film, Castle aurait écrit un rapide traitement qu'il proposa au département scénario de la Columbia, mais il essuya un échec. Il le montra alors à Orson Welles, qui le présenta directement à Harry Cohn comme étant de sa propre initiative. Ce dernier accepta et delivra une somme juteuse à Welles...