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laurel et hardy

Laurel et Hardy

Laurel et Hardy 2

Laurel et Hardy

L'art de la combustion lente

Au début de l'année 1926, Stan Laurel pensait bien en avoir fini avec sa brillante carrière de comédien, quand il signa pour Hal Roach, le grand producteur de film comiques, un contrat de scénariste et de metteur en scène.

Il venait de clore une série de films dont certaines parodies de succès de Valentino où il campait un bellâtre du nom de Rhubarb Vaselino. Il avait donné au genre du pastiche une dimension critique implacable et, pour le reste, créé un personnage débrouillard, râleur et imperméable à toute sensibilité. Gagman de génie, il sentait qu'il ne pourrait librement exercer son talent qu'en abandonnant le métier d'acteur commencé dans les music-halls anglais de son enfance.

Voir le site de Laurel et Hardy.

Cependant, un dimanche d'octobre 1926, la veille du premier jour de tournage d'un « deux bobines » comme tant d'autres, Stanley apprend qu'un des acteurs qu'il devait diriger le lendemain s'était grièvement brûlé le bras en se livrant à une de ses activités favorites : la cuisson du gigot d'agneau au barbecue. Pour sortir de ce pétrin, Stan se résout, à contre-cœur, à remplacer cet acteur... Oliver Hardy.

« Il y en a un qui comprend toujours trop tard et l'autre qui ne comprend jamais... » disait Stan de Laurel et Hardy.

A partir de ce hasard qui les a réunis, ils seront au générique de six films jusqu'à Do Detectives Think ? où brusquement, dans les quelques jours qui séparèrent du film précédent, le couple se forme avec ses rituels, l'amitié d'êtres insupportables, la dignité dans un monde qui n'est pas fait pour eux et dont l'ordre sera toujours détruit par leur lente et précise maladresse. Quelques jours qui sont pour beaucoup une des grandes énigmes du cinéma. Il s'agit là d'« un processus d'évolution créatrice », dira simplement Stan. Stan était du nord de l'Angleterre, Oliver du sud des Etats-Unis. Stan passait sa vie au studio à travailler, à inventer ; Oliver le quittait à la dernière prise pour aller jouer au golf. Ils ne se rencontraient jamais en dehors des tournages : « Je suis Monsieur Hardy — Oliver Norvell Hardy — et voici mon ami Monsieur Laurel », disait toujours Ollie en présentant Stanley dans leurs films.

Ils ont inventé le temps, le ralenti extrême, l'art de la combustion lente, le fameux « slow burn » de Hardy. Ils ont inventé l'espace. Dans leur grande modestie ou leur grande discrétion, ils se sont entendus pour expliquer leur succès par le fait que tout le monde pouvait rire d'eux. On rit avec eux, mais ils ont inventé un rire. Le rire est le bruit complice de la fin d'un monde.

André Scal

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