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Sexus de Miller
 

Lolita

Lolita le livre

film Lolita

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livre de Bataille "l'érotisme"

L'Erotisme de Georges Bataille

 

Les livres et le sexe

Je me souviens encore de l’électro-choc que fut pour moi la découverte de Sexus de Miller, à seize ans.

Dans un lycée où on vous virait pour un flirt, juste avant 68; la lecture affolante de phrases comme celle-ci:  « ses dents étaient rivées au gras de mon épaule. Elle s’était arquée de telle sorte que, seul, le nez de mon truc pénétrait en elle; et, autour de cet axe, avec une lenteur et une habileté suppliciantes, elle semblait entortiller son con.
- Mais que c’est formidable! chuchotta-t-elle. »
Avec Sexus, Henry Miller suivait de peu Nabokov et son chef-d’œuvre Lolita.
Ces livres ont bouleversé les jeunes lecteurs des années 60; accablés d’autorité et de censure morale par un gaullisme triomphant.
« Je ne pus déceler la plus petite trace de pudeur chez cette ravissante enfant à peine esquissée, cette fillette que les nouvelles méthodes d’éducation mixte, les mœurs juvéniles, la louche industrie des camps de vacances, que sais-je encore, avaient totalement, irrémédiablement dépravée » Ainsi parle le héros éperdu de Vladimir Nabokov, puceau ainsi transi d’amour, quand il fait pour la première fois l’amour avec Lolita.
On sait quelles difficultés ce splendide et pervers roman rencontre dès sa publication. A Paris en 1957, le livre fut immédiatement interdit à la vente pour pornographie avec vingt-cinq autres titres, tous de la même maison d’édition, The Olympia Press. On ne trouve pas moins de quatre chefs-d’œuvre dans le lot. Avec Lolita et Sexus, venaient L”homme de gingembre de J-P. Donleavy et Le Festin nu de William Burroughs. Romans époustouflants qui ont tout simplement inventé notre modernité : fumet de sexe, cru, gouailleur, lyrique, chez Miller; expérience des limites du plaisir, du mal, de la drogue, chez Burroughs; perversité adolescente chez Nabokov.
Vu d’aujourd’hui, alors que Sexus et Lolita sont publiés en poche, et Burroughs reconnu comme un des plus grands, l’interdit qui frappa des livres semble d’autant plus stupide et effrayant. L’histoire d ela censure, c’est toujours l’histoire de la bêtise. Que de gâchis, de temps perdu, de connerie claironnée. Pensez qu’un an avant l’interdiction de Lolita, les œuvres complètes de Sade étaient censurées. Entre 1956 et 57, quatre parmi les plus sulfureux livres de Georges Bataille, paraissaient : l’obscenissime Madame Edwarda, La littérature et le Mal (sur Sade entre autres), Le Bleu du ciel et le désormais classique Erotisme. « Par l’érotisme, nous voulons obscurément sortir de nos limites (…) Par lui, la vie s’ouvre à l’exubérance » dit Bataille.
La même année, 1957, Vadim sortait Et Dieu créa la femme, avec la sublime danse de provocation sexuelle d’une Bardo sauvage, capricieuse et libre. Insupportable pour la censure. Vadim raconte qu’un des membres de la commission hurla: « Que la scène où elle sort nue du lit disparaisse ! ». Il n’y avait aucune scène nue dans le film. Le censeur avait rêvé.

Vladimir Nabokov : Lolita (Poche).
Henry Miller : Sexus (J’ai lu).
Georges Bataille: l’Erotisme (10/18).
George Bataille : Madame Edwarda (Editions de minuit)

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